Avant de vous faire découvrir nos récits et légendes, nous souhaitons d’abord rendre hommage à ceux par qui tout a commencé pour nous : nos parents, Henriette Tuiana MANATE et Teehu ROOMATAAROA .
C’est en mémoire de leur courage, de leur amour et de leur engagement pour leur famille que l’association Tamarii Raihau de Rurutu a vu le jour. Leur parcours, de Rurutu à Makatea puis Tahiti, incarne l’histoire de nombreuses familles polynésiennes, entre enracinement et migration.
À travers eux, nous rendons aussi hommage à leurs ancêtres, notamment Poiheetu POAREU, mère d'Henriette Tuiana MANATE, figure marquante de notre lignée maternelle. Son histoire porte en elle la sagesse et la force de nos tupuna, et nous rappelle combien la mémoire de nos anciens est essentielle à notre identité.
Après ce voyage au cœur de notre histoire familiale, nous vous invitons à plonger dans les récits et légendes de Rurutu…
Sur cette page, vous trouverez également l'explication du symbole de notre logo, reflet de notre attachement à nos terres, à notre culture et aux légendes de notre île.
Henriette et Teehu, une nouvelle génération
Henriette Tuiana MANATE, l’aînée des sept enfants de Poiheetu, grandit dans le respect des traditions familiales, gardienne des souvenirs et des luttes passées. Très jeune, elle fut témoin de l’exil et des défis liés à la préservation des terres ancestrales.
Après la perte prématurée de son premier époux, elle éleva son fils Henri avec l’amour d’une grand-mère paternelle, préservant ainsi le lien vivant avec son père disparu. Puis, Henriette rencontra Teehu ROOMATAAROA, originaire de Moerai, et ensemble ils bâtirent une famille forte et unie. À Makatea, dans les années de prospérité du phosphate, ils accueillirent trois filles.
Lorsque l’exploitation du phosphate prit fin, la famille quitta Makatea pour Tahiti, en quête d’un avenir nouveau. Teehu travailla dans le bâtiment, tandis qu’Henriette cousait pour subvenir aux besoins du foyer. C’est là que naquirent trois autres enfants.
Teehu partit en 1988, suivi d’Henriette en 1998, laissant derrière eux l’héritage de terres à Rurutu inachevé. Mais leur mémoire, elle, n’a jamais cessé de vivre.
Aujourd’hui, grâce à l'engagement de leurs descendants dans l’Association Tamarii Raihau de Rurutu, leur histoire continue de résonner : un combat pour la reconnaissance des terres, un hommage aux valeurs transmises, et un désir ardent de faire perdurer les racines de leur famille.

De Poiheetu à Raihau : la mémoire en partage
Née sur la magnifique île de Rurutu, au cœur de l’archipel des Australes, Poiheetu grandit entourée de paysages verdoyants et profondément enracinée dans les traditions de ses ancêtres. Héritière de terres familiales, elle symbolisait ce lien sacré entre la terre, la famille et la mémoire des générations.
Dans sa jeunesse, elle rencontra son époux. Ensemble, ils quittèrent Rurutu pour Makatea, une île alors prospère grâce à l’exploitation du phosphate. Ils y vécurent des années de travail et de défis, tout en gardant dans leur cœur la mémoire de leur île natale.
Plus tard, à la fermeture de l’exploitation, ils rejoignirent Tahiti, comme beaucoup d'autres familles polynésiennes. Malgré son attachement profond à Rurutu, Poiheetu n’eut pas le temps de finaliser les démarches administratives nécessaires à la reconnaissance de ses terres.
Sa fille aînée, Henriette, reprit ce combat, sans pouvoir le mener à terme avant son décès en 1998. Bien plus tard, Anita, l’une de ses filles, fonda l’Association Tamarii Raihau, en hommage à ses racines : "Rai" pour Moerai, le village de son père, et "Hau" pour Hauti, celui de sa mère. D’abord seule, elle rassembla peu à peu la famille autour de cette mission. Aujourd’hui, l’association défend l’héritage de Poiheetu, fait vivre sa mémoire, et rappelle que protéger la terre, c’est préserver l’âme d’une lignée.
La généalogie de Poiheetu Poareu
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur la lignée de Poiheetu Poareu et ses origines, nous vous invitons à consulter sa généalogie sur Geneanet. Vous y trouverez des informations détaillées sur ses ancêtres et ses descendants, ainsi que des liens qui permettent de retracer son histoire familiale à travers les générations.
Le symbolisme de notre logo
Le logo de l'Association Tamarii Raihau de Rurutu est une représentation forte de notre héritage culturel et de notre mission.
Il met en avant une baleine majestueuse émergeant des eaux, symbole profondément ancré dans la culture polynésienne. Dans nos légendes, les baleines sont perçues comme des messagers entre le monde des ancêtres et celui des vivants, incarnant la sagesse, la connexion spirituelle et la puissance des éléments naturels.
Au cœur du logo figure la carte du village de Auti (Hauti) rappelant notre profond attachement à nos terres d'origine. Cette carte est enrichie du drapeau de la Polynésie française, affirmant fièrement notre identité culturelle et notre enracinement australe.
Le cercle qui entoure l’ensemble porte le nom de l'association, "Tamarii Raihau no Rurutu", ainsi que l'expression "Te Tau 'āpu a Poiheetu", en hommage à nos ancêtres, et particulièrement à Poiheetu Poareu, héritière des terres de Hauti (Auti), sur laquelle s’appuient nos actions, car nous, ses descendants, poursuivons l’engagement qu’elle a laissé en héritage.
Ce logo est une invitation à honorer la mémoire, à cultiver la solidarité et à préserver notre patrimoine, tout en affirmant notre lien indéfectible à notre histoire et à notre terre.
La légende de Toamiriura et la conquête de Rurutu
En ce qui concerne à la légende de Toamiriura, il nous a été raconté que nous descendrions de sa lignée. Toutefois, cette transmission orale n'ayant pas été formellement vérifiée par des recherches historiques ou généalogiques précises, nous la partageons ici avec toute la prudence et le respect qu’impose notre tradition.
Au début du XVIe siècle, Toamiriura, fils de Roopupuina, quitta son île natale de Tubuai pour s'établir à Rurutu. Il épousa Toaitiaaraa, fille du chef Mariri du clan Aairi de Moerai.
Un jour, Mariri partit pêcher dans la passe de Tauraa, utilisant une précieuse ligne en ro’a (Pipturus argenteus), réservée aux personnes de haut rang. Ne trouvant aucun poisson, il s'endormit. Toamiriura, passant par là, saisit l'occasion : il prit la ligne, pêcha une grosse carangue et chanta moqueusement : "Ra’i i te i’a na Mariri" ("le poisson de Mariri est grand").
Mariri, humilié, frappa violemment Toamiriura et le fit emprisonner, envisageant de le tuer. Toamiriura envoya alors un message à sa famille à Tubuai : "‘Ua ‘i o Tauraa te tatara’a tai" ("Rendez-vous à Tauraa pour me libérer").
Peu après, une pirogue de guerre accosta à Tauraa, menée par Taneuapoto et son fils Uruari’i, accompagnés de Roopupuina. À leur arrivée, Roopupuina tua Mariri d'un coup de lance, déclenchant une guerre contre les Aairi.
Les combats s'étendirent aux vallées de Moerai et de Peva, bastions des Aairi. Le cri de guerre "Marae te ‘enua" ("Éliminez ces mauvaises herbes de cette terre") résonna, marquant le début d'un conflit qui dura trois siècles.
Image inspirée de la légende de Toamiriura
Illustration réalisée à partir de la légende, adaptée de sources historiques, notamment Wikipedia.
De l'Étranger aux Ancêtres : La Légende de Manate
Autrefois, bien avant que les vagues des explorateurs ne viennent effleurer les rivages des Australes, un nom ancien résonnait déjà dans les esprits des îles : Manasse. Ce nom, porté par un étranger venu d’au-delà des mers, fut entendu par les anciens de Rurutu. Cependant, il est difficile de confirmer la véracité de ce récit, car les premiers explorateurs, qui passèrent dans les eaux polynésiennes au début du 16e siècle, ne laissèrent que peu de traces concrètes.
Bien avant que les voiles étrangères ne frôlent les rivages de Rurutu, un navire espagnol jeta l'ancre dans ses eaux sacrées.
Parmi ses marins, Manasse, porteur d’un souffle ancien, laissa sur l'île la trace de son passage. Son nom, façonné par la langue douce des îles, devint Manate, glissant comme l’écume sur les vagues.
De cette lignée naquit Inaraurea Manate, qui donna vie à une fille au regard profond comme l’océan : Poiheetu Manate.
Poiheetu grandit bercée par les murmures du vent et le chant grave des baleines, ces voyageurs sacrés qui revenaient chaque année danser dans les eaux froides de Rurutu.
Un soir, sous une pleine lune éclatante, elle se tint au bord du rivage.
Dans le souffle nocturne, elle murmura :
"Manate, souffle des ancêtres, guide-moi."
Alors, des profondeurs jaillit une baleine majestueuse, enveloppée d'argent et de mystère. Son chant, vibrant d’amour et de mémoire, traversa l’air jusqu’au cœur de Poiheetu.
Ce chant n’était pas seulement un écho du passé. Il était un appel, une promesse.
Guidée par cette mélodie ancestrale, Poiheetu rencontra celui qui deviendrait son compagnon d'âme et de vie : Thomas Manate.
En s'unissant, ils renouèrent le fil invisible tendu depuis Manasse, entre ciel et mer, entre passé et futur.
Ainsi, par le souffle des baleines et la bénédiction des ancêtres, la lignée de Manate se perpétua, portée par les vents, les flots et l’amour.
Aujourd’hui encore, lorsque le vent caresse les feuilles et que les baleines chantent dans le lointain, on entend s’élever, doux et puissant, le murmure sacré :
Manate... Manate... Manate...
La légende de Manate et le chant des ancêtres a été imaginée par notre association, inspirée par les racines profondes de notre culture et les traditions ancestrales de Rurutu. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une légende historique documentée, ce récit est un hommage aux valeurs et aux croyances qui ont traversé les âges, et nous espérons qu'il résonnera avec la mémoire collective de notre peuple, tout en enrichissant notre patrimoine immatériel.
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